Exploiter les données pour optimiser la budgétisation et les dépenses de santé : enseignements du webinaire gLOCAL de l’AFIDEP
2 juillet 2024
Author: Derick Ngaira

L’augmentation persistante des dépenses de santé, associée aux pressions budgétaires, a suscité de nombreux appels à des améliorations de l’efficacité au sein des systèmes de santé. Cependant, s’attaquer aux causes profondes des inefficacités reste un défi de taille. Une utilisation efficace des données est essentielle pour identifier et remédier aux inefficacités dans la budgétisation et les dépenses de santé.

Ce défi des systèmes de santé, en particulier en Afrique, a été abordé lors d’un webinaire organisé par l’Institut africain pour les politiques de développement (AFIDEP) et Partners in Population and Development – ​​Bureau régional pour l’Afrique (PPD-ARO), dans le cadre du projet Advance Domestic Health Financing (ADHF). Le projet travaille avec les gouvernements de Zambie, du Kenya, du Malawi et de l’Ouganda pour améliorer les investissements nationaux dans les soins de santé et encourager une utilisation efficace des budgets de santé, en se concentrant sur les soins de santé primaires (SSP), la santé des filles et des femmes.

Au cours du webinaire organisé pendant la semaine d’évaluation gLOCAL, des responsables des ministères de la santé du Kenya, de l’Ouganda, de la Zambie et du Malawi ont partagé des informations précieuses et des expériences spécifiques à chaque pays sur l’exploitation des données pour remédier aux inefficacités dans l’allocation et les dépenses budgétaires en matière de santé.

Principales informations et faits marquants du Kenya

Au Kenya, le gouvernement a utilisé diverses sources de données clés telles que les comptes nationaux de la santé, les examens des dépenses publiques, l’estimation des dépenses personnelles et l’enquête de suivi des dépenses publiques pour remédier aux inefficacités dans les soins de santé. Les informations recueillies à partir de ces sources ont été déterminantes pour guider le gouvernement sur les mesures nécessaires pour parvenir à la couverture sanitaire universelle (CSU). Cela a notamment consisté à consacrer davantage de ressources aux soins de santé primaires (SSP). Ainsi, les dépenses liées aux SSP ont considérablement augmenté ces dernières années. Entre les exercices 2016/17 et 2020/21, les dépenses en SSP sont passées de 245,23 milliards de KSh à 284,91 milliards de KSh.

L’enquête sur le suivi des dépenses publiques a joué un rôle crucial dans l’identification des fuites au sein du système de santé. Cela a conduit à l’introduction de la loi sur la gestion financière des fonds publics, qui donne des lignes directrices sur l’utilisation appropriée des ressources de santé du Trésor aux établissements de santé. Cette initiative vise à réduire les obstacles bureaucratiques et à prévenir le gaspillage des ressources dû à la corruption.

En outre, l’adoption du système intégré d’information sur la gestion financière (IFMIS) au sein du système d’approvisionnement en produits de base a considérablement amélioré la gestion des stocks et minimisé le gaspillage. L’IFMIS facilite la commande et la gestion des stocks en temps réel, améliorant ainsi l’efficacité des processus de demande et de réapprovisionnement des stocks.

Informations clés et faits marquants de l’Ouganda

En Ouganda, plusieurs sources de données clés jouent un rôle crucial dans l’élaboration des politiques de santé et des décisions d’allocation des ressources. Les comptes nationaux de la santé (CNS) suivent les tendances du financement national des sous-programmes de santé. Au cours des sept dernières années (2017/18–2022/23), le CNS a enregistré une augmentation des investissements dans les soins de santé, passant de 1 827 milliards d’UGX à 3 685 milliards d’UGX. Cela comprend une augmentation du financement des médicaments, de 396,17 milliards d’UGX à 513 milliards d’UGX entre 2019 et 2023. En outre, le CNS a enregistré un changement stratégique en faveur de la priorité accordée au financement des soins de santé primaires par rapport aux services curatifs, comme en témoigne l’augmentation de la subvention aux soins de santé primaires, qui est passée de 625,18 milliards d’UGX à 1 008,1 milliards de GX entre 2020/21 et 2023/24.

Le système d’information sur la gestion de la santé fournit également des données essentielles sur les maladies, la démographie et les indicateurs de pauvreté, guidant une allocation équitable des ressources et la mise en œuvre des programmes. Dans l’ensemble, ces approches basées sur les données aident le secteur de la santé ougandais à optimiser l’efficacité du financement, à améliorer la prestation de services et à relever efficacement les défis de santé publique.

Principaux points forts et informations clés du Malawi

Au Malawi, l’utilisation efficace des données a conduit à des changements positifs tels qu’une augmentation notable de l’allocation budgétaire pour la santé, la priorisation des soins de santé primaires pour prévenir les maladies, la prévention de la fraude grâce aux bons de commande locaux générés par l’IFMIS, l’amélioration du suivi et de l’évaluation et l’établissement de lignes directrices sur le financement direct des installations (DFF) pour une répartition équitable des ressources entre les districts.

Le DFF se concentre spécifiquement sur une formule d’allocation des ressources intra-district pour régir la répartition des ressources de santé entre les hôpitaux communautaires et les centres de santé au sein de chaque district. En fixant des objectifs budgétaires clairs, en surveillant les dépenses et en évaluant l’impact des investissements dans les soins de santé dans un cadre unifié de « un budget, un plan et un suivi et une évaluation », le ministère de la Santé cherche à renforcer les processus budgétaires.

Principaux points forts et informations clés de la Zambie

Le système de santé zambien a adopté une approche basée sur les données pour améliorer l’efficacité. En utilisant des systèmes tels que l’IFMIS et le système électronique de gestion de la logistique (eLMIS), la Zambie suit les dépenses de santé et gère efficacement les fournitures médicales.

Le pays utilise les données pour améliorer la transparence dans l’utilisation des ressources de santé, l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement grâce à des données en temps réel sur les niveaux de stock, et le suivi et l’évaluation pour identifier et éliminer les inefficacités telles que les écarts dans les pratiques de facturation et l’utilisation des médicaments ou des services. Malgré des défis tels que la qualité des données, une connectivité Internet inadéquate et des ressources TIC insuffisantes, la Zambie s’est engagée à améliorer l’utilisation des données pour la planification stratégique et l’allocation des ressources dans le secteur de la santé.

Conclusion

Le webinaire a souligné le rôle indispensable des données dans la réduction des inefficacités dans la budgétisation et les dépenses de santé dans différents pays africains. L’expérience de chaque pays a souligné la nécessité de systèmes de données robustes, d’une planification stratégique et d’une prise de décision fondée sur des preuves pour optimiser les résultats de santé et l’utilisation des ressources. Les idées partagées servent de modèle à d’autres pays qui cherchent à renforcer leurs systèmes de santé grâce à une intégration efficace des données.

Suivez le webinaire ici : https://youtu.be/wSOlsAitSws

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