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Alors que les délégués de 15 pays d’Afrique descendaient dans la sereine ville de Maseru au Lesotho, avant la 15e réunion du Réseau des commissions parlementaires africaines de la santé (NEAPACOH), ils ont été accueillis par la vue à couper le souffle sur les collines pittoresques du pays disséminées dans le paysage. Les vallées verdoyantes ont brossé un tableau captivant, accueillant les visiteurs du « Royaume dans le ciel » d’Afrique pour une réunion de deux jours visant à délibérer sur les soins de santé en Afrique.
La réunion, qui s’est tenue du 27 au 29 février 2024, a réuni plus de 150 délégués, dont des membres de commissions parlementaires responsables de la santé, des représentants d’organisations internationales, des praticiens de la société civile, des universitaires et des champions de la santé. Ils se sont penchés sur les problèmes critiques qui affligent le paysage africain des soins de santé et ont élaboré une feuille de route pour l’action. La réunion a servi de plateforme pour des discussions approfondies, le suivi des progrès, la mise en évidence des défis et la formulation de recommandations clés visant à transformer les systèmes de santé.
Au cours des discussions, il est devenu évident que les progrès du continent vers la réalisation de la couverture sanitaire universelle (CSU) sont un mélange d’étapes notables et de défis importants qui entravent sa réalisation complète.
Progrès réalisés dans la réalisation de la couverture sanitaire universelle
Il ressort clairement des différentes présentations que la mise en œuvre de la CSU varie en termes de progrès selon les pays. Même s’il reste encore beaucoup à désirer, le continent prend des mesures audacieuses. La Namibie a finalisé ses politiques en matière de CSU et de soins de santé primaires (SSP). Des efforts sont actuellement en cours pour sensibiliser les citoyens aux politiques financières associées à ces initiatives.
La Tanzanie a lancé un programme de CSU et a créé des cliniques de santé et de droits sexuels et reproductifs (SDSR) qui s’adressent spécifiquement aux adolescents, améliorant ainsi l’accessibilité et l’inclusivité des services de santé grâce à une approche intersectorielle. Le pays vise également à inclure la planification familiale parmi les mesures essentielles d’ici 2025 et à augmenter le budget de la santé de 2% grâce au financement national.
Le Zimbabwe a déployé un programme national de planification familiale, a augmenté le consentement au mariage et aux relations sexuelles jusqu’à l’âge de 18 ans pour mettre fin au mariage précoce, et a amélioré l’accès aux SDSR pour réduire les grossesses chez les adolescentes.
Les Zambiens ont la garantie d’avoir accès à l’ensemble essentiel de services de santé. L’ensemble comprend des services de santé vitaux tels que la santé infantile et le soutien nutritionnel, les médicaments et fournitures médicales essentiels, ainsi que les soins médicaux contre le paludisme, la tuberculose, la planification familiale et le VIH/SIDA entre autres.
Dans le cas du Malawi, outre l’établissement d’un ensemble de prestations essentielles, les citoyens du Malawi peuvent accéder à des soins et un traitement médicaux sans avoir à se soucier des obstacles financiers au point de service.
Au Kenya, le Parlement a adopté plusieurs textes législatifs pour régir le déploiement de la CSU. Des efforts sont en cours pour établir des réglementations complètes qui fourniront le cadre et le soutien nécessaires au fonctionnement efficace du programme de CSU.
Des progrès significatifs ont été réalisés en Ouganda pour encourager la fusion des considérations de santé dans la stratégie nationale d’adaptation au changement climatique. Il s’agit d’une démarche qui vise à renforcer la résilience des systèmes de santé et des communautés locales face aux défis environnementaux.
Les défis que connaissent les pays
Une allocation budgétaire insuffisante est une épine dans le pied du secteur de la santé. Les orateurs les uns après les autres ont réitéré un appel retentissant aux parlementaires pour qu’ils exploitent leur autorité législative en plaidant en faveur d’un financement accru des soins de santé. Ils ont souligné le rôle essentiel que jouent les parlementaires pour résoudre cette question cruciale et garantir un meilleur accès à des services de santé de qualité pour tous.
Un autre défi signalé était la fragmentation du secteur de la santé. Mme Emily Chirwa, directrice adjointe de la planification et des politiques au ministère de la Santé du Malawi, a particulièrement souligné qu’au Malawi, la fragmentation constitue un défi. Le gouvernement du Malawi gère 40% de toutes les ressources disponibles, tandis que 60% sont gérés par plus de 200 partenaires de mise en œuvre, dont le secteur privé, des ONG et des donateurs. Des présentateurs d’autres pays ont partagé des expériences connexes – ce qui indique qu’il s’agit d’une question nécessitant une attention urgente. La fragmentation résulte souvent d’efforts et de ressources disparates alloués à différentes initiatives de soins de santé, entraînant des inefficacités et des lacunes dans la prestation de services.
En outre, la dépendance à l’égard des donateurs externes et les frais d’utilisation pour le financement des soins de santé ont été soulignés comme des pierres d’achoppement sur le chemin vers la CSU. Les donateurs quittent la scène, ce qui représente un risque important pour les systèmes de santé. Une dépendance excessive à l’égard des frais d’utilisation est insoutenable et coûteuse pour les citoyens ordinaires. Lors d’un discours d’ouverture, le Dr Jackson Otieno, analyste principal de la recherche et des politiques à l’AFIDEP, a noté que les pays africains continuent de dépendre des frais d’utilisation ou des dépenses directes, l’Ouganda, le Kenya, le Burundi et la Tanzanie étant en tête avec plus de 20%. Pour protéger les citoyens contre des dépenses de santé catastrophiques, il a été conseillé aux pays de réduire les dépenses directes à moins de 15%.
Recommandations
Le rôle de l’assurance maladie dans la protection des ménages contre les difficultés financières a été un sujet clé de discussion. Les paiements obligatoires basés sur le revenu et les subventions ont été fortement recommandés, et certains pays appliquant une assurance maladie obligatoire comprennent le Kenya, la Zambie et le Ghana. Le Dr Samson Kuhora, du Fonds national d’assurance maladie du Kenya (NHIF), a souligné l’importance de la participation du secteur privé aux régimes d’assurance maladie et a souligné la nécessité de réformes politiques pour garantir la protection financière de tous les citoyens. Cependant, il est nécessaire d’augmenter les produits couverts par les assurances maladies pour inclure la santé reproductive et la planification familiale.
Les discussions au NEAPACOH ont également examiné comment utiliser le minimum de ressources disponibles pour obtenir les plus grandes victoires. Il a été conseillé aux pays de réduire les inefficacités provoquées par la fragmentation des systèmes d’assurance maladie en consolidant et en intégrant plusieurs régimes d’assurance dans un système unifié. En outre, réduire les coûts administratifs, assurer une gestion efficace de la dette publique en diversifiant les sources de revenus et le refinancement de la dette, et lutter contre la corruption dans le secteur de la santé publique en renforçant les cadres juridiques et en améliorant la transparence et la responsabilité peuvent améliorer le fonctionnement des systèmes de santé.
Une autre approche consiste à imposer des taxes sur des produits comme le tabac, l’alcool et les boissons sucrées. Cette décision dissuadera les gens d’adopter des habitudes nocives et contribuera à réduire le fardeau sur les systèmes de santé associé à la consommation généralisée de ces produits.
Une approche intersectorielle, par exemple, dans laquelle le secteur de la santé obtiendrait des financements provenant de programmes liés à l’environnement et au changement climatique, pourrait être une option viable. Concernant l’intégration de l’action en matière de santé et de climat, le directeur du projet BUILD de l’AFIDEP, M. Clive Mutunga, a exhorté, lors de l’événement, les parlementaires à institutionnaliser les approches intersectorielles en matière de population, de santé, d’environnement et de développement (PHED), et à s’engager avec les commissions parlementaires d’autres secteurs, par exemple, comités sur l’environnement et le climat pour un plaidoyer et une législation conjoints. Cela peut contribuer à garantir que la santé, et en particulier la planification familiale, soit au cœur de l’action sous-nationale, nationale, régionale et mondiale en matière de changement climatique.
Appel à l’action
À la fin de l’événement, les parlementaires se sont engagés à renforcer le contrôle et la responsabilité en surveillant l’allocation et l’utilisation des fonds liés à la santé dans des secteurs tels que l’éducation, l’agriculture, l’eau, les transports et l’environnement. Ils se sont également engagés à favoriser l’engagement multisectoriel pour améliorer la préparation et la réponse aux situations d’urgence au sein de systèmes de santé résilients.
En outre, ils ont convenu de renforcer le contrôle des budgets de santé afin de minimiser le gaspillage et l’inefficacité et de renforcer la coopération Sud-Sud, en sensibilisant les parlementaires et en contribuant aux négociations mondiales sur la sécurité sanitaire. Cela implique également de faciliter le partage des connaissances et l’échange des meilleures pratiques en matière de PHED à travers des plateformes telles que la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.
Conclusion
NEAPACOH 2024 a servi de catalyseur pour la collaboration, l’innovation et le changement de transformation dans les soins de santé à travers l’Afrique. Alors que les pays continuent de travailler à la réalisation de la CSU et au renforcement de leurs systèmes de santé, la conférence a fourni des informations précieuses et des stratégies concrètes pour stimuler le progrès et améliorer les résultats de santé pour tous les citoyens. L’AFIDEP continuera à soutenir les législateurs à travers le continent, en leur fournissant des preuves pour prendre des décisions judicieuses. L’événement NEAPACOH a été organisé par Partners in Population for Development – Bureau régional Afrique et d’autres partenaires, dont l’AFIDEP.
Lié à: Avancer le financement national de la santé, BUILD (Renforcement des capacités pour la planification familiale intégrée/santé reproductive et population, environnement et action de développement), Gouvernance et responsabilité