Le renforcement des capacités en plaidoyer SMART permet un engagement significatif auprès du ministre des Finances sur le budget de la santé au Malawi
16 mai 2025
Author: Godfrey Pumbwa et Mark Malema
Lancement national du projet Direct Facility Financing à Dedza, au Malawi

Grâce au projet « Advancing Domestic Health Financing » (ADHF), l’Institut africain pour les politiques de développement (AFIDEP) et le Bureau régional Afrique de Partenaires en matière de population et de développement (PPD-ARO) ont doté les organisations de la société civile (OSC) du Malawi de compétences en plaidoyer SMART, améliorant ainsi leur capacité à participer de manière stratégique aux discussions sur les politiques de financement de la santé. Cette initiative de renforcement des capacités a porté ses fruits, les OSC formées ayant contribué de manière significative à l’élaboration du budget national 2025/26 du Malawi lors des consultations prébudgétaires organisées par le ministère des Finances et des Affaires économiques.

À la suite d’une formation en plaidoyer SMART organisée en septembre 2024, les OSC ont élaboré des stratégies ciblées pour influencer les allocations budgétaires vers des domaines de santé essentiels tels que les soins de santé primaires (SSP); Santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente (SRMNIA); et accords de cofinancement pour le VIH, le paludisme et la tuberculose. Consciente de l’opportunité stratégique offerte par les consultations prébudgétaires, l’AFIDEP a accompagné ces OSC dans l’élaboration d’une déclaration de contribution budgétaire unifiée, garantissant ainsi que leurs priorités et leurs recommandations fondées sur des données probantes soient officiellement intégrées aux discussions politiques nationales.

Le ministère de la Santé avait constamment souligné les contraintes de financement, notamment pour la mise en œuvre de 11 réformes radicales du Plan stratégique III du secteur de la santé du Malawi. L’un des principaux axes d’intervention du ministère était la réforme du financement direct des établissements de santé (FDES) visant à renforcer les SSP au niveau des districts. Cette réforme est restée majoritairement financée par les bailleurs de fonds, le gouvernement n’y contribuant qu’à hauteur de 200 millions de MK, soulignant l’urgence d’accroître le financement national pour des améliorations durables de la santé.

La contribution des OSC s’est appuyée sur une analyse du budget de la santé 2024/25, qui a montré un déficit budgétaire de 73 milliards de MK dans le secteur de la santé. Ce déficit a mis en évidence des déficits de financement critiques pour les médicaments essentiels, les équipements médicaux, la formation des professionnels de santé et les accords de cofinancement avec les partenaires internationaux de la santé. En réponse, les OSC ont appelé à un investissement accru dans les programmes de santé sexuelle et reproductive, notamment en donnant la priorité aux produits de planification familiale, en élargissant le mécanisme de financement direct des établissements et en créant un fonds pour la santé doté de sources de financement durables. Elles ont également plaidé pour le décaissement rapide des fonds alloués, l’apurement des arriérés du secteur de la santé et la construction de 200 nouveaux postes de santé. Le projet de budget conjoint des OSC a été remis au ministère des Finances le 28 janvier 2025. Par ailleurs, le Centre pour le développement des personnes (CEDEP) et le Réseau des journalistes vivant avec le VIH (JONEHA) ont complété ces efforts en mobilisant la Commission parlementaire de la santé lors de réunions sectorielles afin de plaider en faveur d’un investissement accru dans le secteur de la santé.

Ces efforts coordonnés de plaidoyer ont abouti à des résultats politiques notables. Le budget du ministère de la Santé a augmenté de 8,5 %, passant de 729 milliards de MK en 2024/25 à 791 milliards de MK en 2025/26. Le financement des produits de planification familiale a augmenté de 10%, passant de 700 millions à 770 millions de MK. L’allocation au financement direct des établissements a bondi de 150%, passant de 200 millions à 500 millions de MK. Le gouvernement a également engagé 20 milliards de MK pour la construction de 55 nouveaux postes de santé. Par ailleurs, le budget consacré aux médicaments a augmenté de 25%, atteignant 70 milliards de MK, tandis que le budget consacré aux vaccins a connu une croissance significative de 150%, passant de 1 milliard à 2,5 milliards de MK.

Ces réalisations soulignent la puissance d’un plaidoyer fondé sur des données probantes et d’un engagement stratégique. En dotant les OSC des outils et des plateformes adéquats, l’initiative SMART Advocacy a façonné un secteur de la santé plus réactif et mieux financé par le secteur national au Malawi.

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