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Malgré les dures leçons tirées de la pandémie de COVID-19, la Zambie reste insuffisamment préparée aux futures urgences de santé publique. Une analyse de la portée et des lacunes, menée par l’Institut africain pour les politiques de développement (AFIDEP) et Globesolute, sur l’état du financement national du pays pour la surveillance et la préparation aux pandémies, révèle que moins de 1% du budget national de la santé, soit environ 530 000 USD en 2025, est alloué à l’Institut national de santé publique de Zambie (ZNPHI) pour ces fonctions essentielles. Cette allocation représente moins de 0,10 USD par habitant, un montant nettement inférieur aux normes mondiales qui recommandent d’investir au moins 0,50 à 1 USD par habitant dans la sécurité sanitaire. L’analyse met en évidence des vulnérabilités systémiques persistantes et souligne l’urgence d’une préparation durable et financée au niveau national. Globalement, le paysage zambien de la surveillance et du financement de la PPR se caractérise par un sous-financement chronique, des mécanismes de financement fragmentés et une dépendance continue à l’égard du soutien des bailleurs de fonds. Cette situation continue de compromettre la capacité du pays à détecter, prévenir et répondre efficacement aux menaces de santé publique.
La fragilité du pays a été exacerbée par les récentes perturbations mondiales, notamment le gel de l’aide étrangère américaine en 2025 et le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui ont considérablement réduit l’accès aux financements externes essentiels à la sécurité sanitaire. Au cœur du problème réside la dépendance excessive de la Zambie à l’égard des partenaires internationaux, plus de 80% du financement de la PPR étant assuré par des sources extérieures. Lorsque ce financement est perturbé, comme en témoignent les interruptions des programmes soutenus par l’USAID et le PEPFAR, les systèmes de surveillance et d’intervention d’urgence du pays subissent de graves retards, voire un effondrement opérationnel. Le rapport souligne que même lorsque les fonds sont disponibles, les inefficacités en matière de décaissement, d’approvisionnement et de coordination diluent souvent l’impact. Par exemple, une part importante des contributions gouvernementales est consacrée aux frais administratifs, tandis que des investissements essentiels dans les infrastructures de laboratoire, les stocks d’urgence et le développement de la main-d’œuvre ne sont pas financés.
Mais tout n’est pas si sombre.
Le rapport met en évidence les nouvelles opportunités: le Fonds national d’urgence de santé publique (NPHEF) de la Zambie offre un mécanisme de financement national prometteur, même s’il n’est pas encore opérationnel. On observe également une dynamique croissante autour du dialogue sur le financement de la santé et des partenariats régionaux par l’intermédiaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
Pour bâtir un système de santé résilient, le rapport indique clairement que la Zambie doit agir. Parmi les principales recommandations:
- Le ministère des Finances doit augmenter le financement public direct de l’Institut national de santé publique de Zambie (ZNPHI).
- Le ZNPHI devrait accélérer la mise en œuvre du Fonds national d’urgence de santé publique (NPHEF) afin de réduire la dépendance à l’égard des secours d’urgence des bailleurs de fonds.
- Développer des mécanismes de financement national innovants, notamment des prélèvements de sécurité sanitaire affectés et des partenariats public-privé structurés, afin d’améliorer la durabilité et la prévisibilité du financement de la préparation.
- Renforcer les mécanismes de coordination, de gouvernance et de responsabilisation aux niveaux national et infranational afin de réduire la fragmentation, d’améliorer l’efficacité des ressources et de garantir l’exécution rapide des investissements dans la préparation.
- Tirer parti des plateformes et partenariats régionaux tels que le Centre de collaboration régionale pour l’Afrique australe du CDC Afrique et la SADC pour explorer des mécanismes de financement commun et des investissements coordonnés dans les infrastructures de sécurité sanitaire transfrontalière.
La position de la Zambie en tant qu’hôte du Centre de collaboration régionale pour l’Afrique australe du CDC Afrique lui confère à la fois la responsabilité et l’opportunité de montrer la voie en matière de sécurité sanitaire régionale. Sans action décisive, la Zambie risque d’être à nouveau prise au dépourvu, au prix de vies humaines, de moyens de subsistance et de développement national.