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Le Malawi a réalisé des progrès notables dans la lutte contre le VIH. Le pays est en passe de dépasser les objectifs ambitieux de l’ONUSIDA en matière de traitement antirétroviral (TAR) et de suppression virale 95-95-95, fixés pour 2025, qui visent à combler les écarts dans la couverture et les résultats du traitement du VIH dans les sous-populations, les groupes d’âge et les contextes géographiques. Ces objectifs, adoptés par les États membres de l’ONU en juin 2021, représentent un engagement audacieux : veiller à ce qu’au moins 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que 95 % des personnes diagnostiquées suivent un traitement et que 95 % des personnes sous traitement parviennent à une suppression virale. Les progrès réalisés par le Malawi indiquent que le dépassement de ces jalons est potentiellement à la portée de main.
Ces progrès soulignent l’engagement du Malawi à lutter contre l’épidémie, et les données indiquent une forte baisse des nouvelles infections. Cependant, la lutte n’est pas terminée. La surveillance continue reste essentielle pour identifier les tendances émergentes, comprendre l’évolution de la dynamique épidémique et formuler des interventions fondées sur des données probantes.
Pourquoi la surveillance du VIH est-elle importante ?
Alors que nous envisageons un avenir sans VIH, les méthodes traditionnelles de surveillance, telles que les enquêtes nationales auprès des ménages avec dépistage du VIH, sont toujours importantes, mais elles ont des limites, en particulier dans les contextes où l’incidence des nouvelles infections est plus faible ou en baisse, ce qui rend plus difficile le suivi des changements et des points chauds émergents. Cela implique donc la nécessité de nouvelles approches de surveillance.
La surveillance utilise des approches innovantes de suivi et de contrôle de l’épidémie. Elle permet de surveiller le contrôle durable de l’épidémie de VIH dans les pays où les nouvelles infections sont faibles et en baisse. La surveillance continue est essentielle pour identifier les tendances, comprendre la dynamique changeante de l’épidémie et développer des interventions fondées sur des données probantes.
Le projet Kuzama pa Kalondo (KpK)
Dans des pays comme le Malawi, où les nouvelles infections sont en baisse, l’approche traditionnelle de surveillance « universelle » ne permet pas forcément de saisir les données granulaires nécessaires à des interventions spécifiques et ciblées. Le projet Kuzama pa Kalondo (KpK) vise à combler cette lacune en utilisant des méthodes plus innovantes et adaptées pour fournir des données en temps réel qui éclairent les stratégies de santé nationales et locales ciblées.
Le projet KpK est conçu pour utiliser des approches tournées vers l’avenir afin de combler les lacunes existantes en matière de surveillance et d’assurer un suivi efficace et durable. Le projet a débuté en 2023 et est mis en œuvre grâce à une collaboration entre l’Université des sciences de la santé de Kamuzu (KUHeS), la Harvard T.H. Chan School of Public Health (HSPH), le Nyanja Health Research Institute, l’Institut africain pour les politiques de développement (AFIDEP) et l’Université du Cap (UCT), en partenariat avec la Direction du VIH, des IST et des hépatites virales (DHA), l’Institut de santé publique du Malawi (PHIM), les Centres américains pour le contrôle des maladies (CDC) et d’autres.
Le projet combine les données de routine du système de santé, la surveillance ciblée et la puissance de la modélisation mathématique et statistique pour créer une méthode plus efficace et durable de suivi des infections et des réponses au VIH. Cela conduit à des interventions plus efficaces et plus opportunes, adaptées aux besoins spécifiques de diverses communautés.
Le projet établit un cadre complet et prospectif pour le suivi des tendances épidémiques du VIH et de la dynamique de transmission. Des techniques de modélisation mathématique et statistique sont utilisées pour définir les indicateurs clés à suivre, permettant d’anticiper les tendances épidémiques futures et de comprendre comment les changements dans les paramètres de routine des programmes reflètent des changements épidémiologiques plus larges. L’équipe AFIDEP étudie spécifiquement l’intégration des données de surveillance de routine agrégées stratifiées et individuelles pour générer des résultats d’information stratégique clés sur le VIH aux niveaux du district et national. En tirant parti de nouveaux systèmes de données, du traitement du VIH au niveau individuel, des tests et de la surveillance des cas, les données sont incorporées dans des outils qui permettent des estimations épidémiologiques infranationales plus précises.
Le projet KpK vise à assurer une adoption plus large, en partageant des outils sous forme de paquets R source ouverte et en diffusant largement les méthodes et les résultats par le biais de publications, d’événements scientifiques et de présentations à des groupes consultatifs. En outre, en collaboration avec les autorités compétentes et les partenaires de recherche nationaux, tels que la Direction du VIH, des IST et des hépatites virales (DHA), l’Institut de santé publique du Malawi (PHIM) et l’Université des sciences de la santé de Kamuzu (KUHES) au Malawi, le projet réunit les parties prenantes pour concevoir une stratégie de surveillance adaptée aux priorités de contrôle de l’épidémie de VIH. Cela comprend le pilotage de méthodes de surveillance innovantes, telles que des enquêtes ciblées fondées sur des données de santé de routine, des données prénatales, des enquêtes sur les cas et des enquêtes adaptatives auprès des ménages.
Exploiter la puissance des données
L’un des principaux atouts du projet KpK est l’importance qu’il accorde aux données. En intégrant les données de santé de routine à des techniques de modélisation avancées, le projet analyse les schémas à grande échelle et prédit les tendances futures des infections par le VIH. Cela permet des interventions plus réactives et plus rapides, garantissant que les ressources sont dirigées là où elles sont le plus nécessaires.
Grâce à l’utilisation des données du système de santé, le projet peut rapidement détecter toute nouvelle augmentation des infections ou identifier les populations qui ne répondent pas bien aux interventions actuelles. Cette approche proactive signifie que le gouvernement et les organisations de santé peuvent agir rapidement pour résoudre les problèmes avant qu’ils ne se généralisent.
L’innovation est essentielle
Ce qui distingue le projet KpK, c’est l’accent mis sur la durabilité future. À mesure que les pays s’orientent vers le contrôle et l’élimination du VIH, les méthodes de surveillance doivent évoluer. Le modèle de KpK, qui intègre l’analyse prédictive et la surveillance ciblée, fournit un modèle pour la manière dont les pays à faible incidence peuvent maintenir le contrôle de l’épidémie de manière rentable et basée sur les données.
En mettant l’accent sur l’amélioration continue et l’adaptation aux réalités d’une épidémie en évolution, le projet garantit que le Malawi et d’autres pays ne se contentent pas de lutter contre le VIH aujourd’hui, mais soient prêts à relever les défis de demain.
D’autres opportunités pour mettre fin à l’épidémie du VIH
Alors que les pays progressent vers la réalisation des objectifs 95-95-95, il est essentiel de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. Les efforts doivent aller au-delà de la seule concentration sur les populations clés et inclure des stratégies globales telles que la modélisation des données de suppression de la charge virale tout en s’attaquant aux biais de confusion. De plus, la triangulation des données sur le VIH en comparant les tendances des modèles primaires avec d’autres ensembles de données connexes fournira une compréhension plus précise et plus globale des progrès et des lacunes.
Le projet KpK illustre une approche inclusive en identifiant les populations mal desservies au-delà des groupes clés et en garantissant une représentation complète. En modélisant les données de suppression de la charge virale et en atténuant les biais de confusion, le projet fournit des informations précises sur le succès du traitement. De plus, la triangulation des données provenant de sources multiples, telles que les données de routine du système de santé, permet une compréhension approfondie des réalisations et des défis. Cela favorise ainsi des interventions ciblées, une allocation optimisée des ressources et un suivi continu pour améliorer l’efficacité du programme.