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Depuis au moins deux décennies, les lacunes entre la politique et la recherche ont été de plus en plus mises en évidence dans les cercles politiques et universitaires. Nous reconnaissons que les données probantes générées par la recherche sont essentielles à la formulation de politiques nationales et internationales et, à ce titre, doivent parvenir aux décideurs politiques dans un format qu’ils comprennent. Cela étant dit, la disparité entre la recherche et la pratique est toujours évidente. Les chercheurs produisent souvent des résultats d’études dont les décideurs ont besoin, mais les présentent rarement de manière à les rendre utilisables par les décideurs.

Dans le but de réduire l’écart entre la recherche et les politiques, le Population Reference Bureau (PRB) et l’African Institute for Development Policy (AFIDEP) collaborent depuis 2018 pour organiser un programme annuel de boursiers en communication sur les politiques sous le nom Policy Communication Fellows Programme. Le programme vise à combler les lacunes qui existent souvent entre la recherche et la politique grâce à un atelier intensif abordant la communication dans la sphère politique. Les boursiers suivent des modules mettant en évidence le processus politique, les communications stratégiques, les présentations de politiques, la visualisation de données et d’autres compétences efficaces en matière de communication politique. La bourse adopte une approche pratique, les boursiers développant des arguments politiques, des notes d’orientation, des blogs et des presentations.

La bourse de cette année, qui a débuté en février, comprenait 8 chercheurs en début de carrière du Nigéria, du Kenya, du Ghana, de l’Éthiopie et de la Tanzanie. Chacun des boursiers poursuit actuellement un doctorat lié à la population et aux droits à la santé sexuelle et reproductive. Pour s’assurer que la bourse est pratique, les boursiers sont encouragés à utiliser leurs sujets de recherche actuels pour tous les exercices du module; l’un d’entre eux est de savoir comment présenter les résultats de la recherche aux décideurs politiques. Les présentations initiales faites par les boursiers étaient riches en données et peu axées sur la formulation de recommandations spécifiques, mesurables, réalisables, pertinentes et limitées dans le temps (SMART). Cependant, comme les boursiers étaient continuellement dirigés par les animateurs du programme, les présentations sont devenues moins académiques et plus faciles à comprendre pour ceux qui ne sont pas des experts en la matière.

La bourse a mis l’accent sur une approche conversationnelle de la communication de la recherche, la question directrice étant : “Ma grand-mère comprendrait-elle cela ?”, afin d’encourager les participants à se rappeler que la recherche doit être communiquée en supposant que personne d’autre n’est un scientifique, tout en n’enlevant rien à la science elle-même.

La bourse est mieux décrite comme un processus «d’apprentissage tout en désapprenant». Commentant la bourse, l’un des boursiers a déclaré: «J’ai postulé [pour la bourse] parce que je pensais que j’allais obtenir une subvention… mais ce que j’ai découvert, c’est que je cherchais un poisson, mais ils m’ont en fait donné les techniques de pêche proprement dites. J’ai pu communiquer avec les acteurs de la planification familiale, avoir leur point de vue. J’ai pu personnaliser ce que j’ai reçu de cette bourse. J’ai pu communiquer avec des ONG [impliquées dans la planification familiale], je suis en contact avec des décideurs politiques – et cela m’apporte beaucoup de joie. J’ai pu développer mes pensées d’une manière qui soit communicable aux décideurs politiques. Tout cela, je ne l’ai jamais reçu à l’école de médecine, mais je l’ai reçu dans cette bourse, » at-il expliqué.

Alors que le besoin de preuves dans l’élaboration des politiques devient de plus en plus reconnaissable, nous pensons que les ateliers de renforcement des capacités axés sur la communication des politiques pour les chercheurs sont essentiels. Bien qu’il soit facile de l’oublier, il convient de noter que la communication sur les politiques n’est souvent pas enseignée au niveau du doctorat, ce qui laisse aux chercheurs en début de carrière de vastes connaissances mais aucun outil pour les utiliser pour avoir un impact. Si la politique doit vraiment être fondée sur des preuves pour le bien des citoyens d’une nation, il est nécessaire que les institutions investissent dans la formation de ceux qui génèrent la science pour la communiquer.

Témoignages des boursiers